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Un éclair de seconde pour une éternité




Tombée… je trouve ce mot parfaitement adapté au tourbillon qui m’est tombé dessus quand j’ai appris que j’étais enceinte.


Je vais vous raconter ma plus belle histoire d’amour où il n’y a ni prince charmant, ni conte de fée, car l’amour nous tombe dessus, dedans, partout, là où on ne s’y attend pas.


Printemps 2014, je venais de perdre Hélène ma grand-mère, ma bonne fée qui se penchait sur moi depuis toute petite. Mon monde se déconstruisait, laissant la place à un vide que je ne savais pas comment surmonter. J’avais un genou à terre. Autour de moi, rien n’allait plus, je vivais au jour le jour. Dans cette tempête, je ne savais pas à quel point mes repères allaient être changés. Dans ce tourbillon, je tombais oui, mais je tombais enceinte. Mon monde avait chaviré en un battement de cils emportant avec lui tous les nuages et faisant apparaître au loin une lueur, une évidence, un point cardinal, un combat, un amour, un nouveau moi que je ne connaissais pas encore, et surtout, une nouvelle fleur que j’avais hâte de connaître.


J’allais me retrouver seule, sans le père de mon enfant, et la route vers cette évidence serait difficile. Il fallait se remettre de cet uppercut : depuis 10 ans on me disait que je n’aurais pas d’enfant sans FIV.

Ayant une endométriose sévère et multi-opérée, cette grossesse était le miracle qui m’amènerait à la première minute du reste de ma vie : le 5 février 2015, à 12h06.


Cette minute, je l'ai préparée pendant 9 mois. J’étais prête, mais terrorisée d’entrer là où je pensais ne plus pouvoir aller, là où je n’avais aucune conscience de ce qui m’attendrait, et impatiente d’écrire ma propre histoire, ou en tout cas, la partie la plus importante, celle qui allait compter plus que tout le reste.


J’ai vécu ma grossesse célibataire. Très honnêtement ça a a été une période extrêmement difficile à vivre, et la place prise par ma solitude s’est peu à peu évaporée, quand mes proches m’ont entourée de leur soutien.

Prisonnière de mon propre corps :

Les premiers mois de grossesse, les nausées m’emmenaient tous les jours, du matin au soir, sur un bateau trop ivre à mon goût.

Quant à ma chère endométriose, son emprunte était toujours présente dans mon corps, je ne pouvais faire la différence entre celle-ci et les douleurs normales de la grossesse.

Mes premiers mois de grossesse seuls mes pleurs trouvaient leur place entre mes nausées.

J’avais besoin de choisir et non pas subir la situation, j’ai dû alors prendre le temps d’accepter cette idée.


Ce fut une période de solitude mais aussi de remise en question et il m'a fallu puiser mes forces au plus profond de moi.

Le paradoxe, c’est que je garde malgré tout de jolis souvenirs de cette période. J’étais enceinte d’à peine un mois, je m’étais acheté un joli petit rosier d'un rose très lumineux, j’étais assise sur mon canapé et je regardais les fleurs (je ne connaissais évidemment pas encore le sexe de mon bébé) J'ai tout à coup été envahie par une très forte intuition et je me suis dit : « ça sera une fille et elle s’appellera Rose », et pour me rappeler de ce moment-là, j’ai pris le bouquet en photo et je l’ai posté sur Instagram.


Quelques temps plus tard, mon intuition est revenue me faire un signe. J'étais à mon travail, je venais tout juste d'apprendre que j'attendais une fille. En quête d'inspiration, j'ouvre l'éphéméride pour voir au hasard le saint du jour.

Ironie du sort, nous étions le 23 août.... Il y avait écrit : "Sainte Rose de Lima".


Lorsque j'ai su le sexe de mon bébé, j'ai assez tôt ressenti le besoin de préparer le "nid". Ce besoin s’est rapidement transformé en plaisir ! Ma fille n’était pas encore née et je voulais déjà le meilleur pour elle et c'était un véritable moteur qui illuminait mes journées.

J’ai fait quelques travaux dans mon appartement et préparé sa chambre avec l'aide de mes parents.

Sans mes parents, les choses auraient été et seraient encore très compliquées. -Merci à eux du fond du cœur.-

Les amis, eux, se sont fait très rares et j'ai appris à faire le deuil de certaines amitiés et à en chérir d’autres.


Une petite Rose a éclos

Il fallait bien que mon bébé sorte d’une façon ou d’une autre, mais je ne pensais pas que ça allait être de cette façon-là : par césarienne et en urgence.


J’entrais dans mon 9e mois de grossesse, j’avais pris 25 kg, ce qui était beaucoup trop par rapport à ce que mon corps pouvait supporter.

Un soir, j'ai eu très mal à la tête et je voyais des étoiles argentées, symptômes d’une tension élevée : j'avais les signes d’une pré-éclampsie.

Après une visite aux urgences, le gynécologue souhaitait me revoir après une semaine sous surveillance. J’avais de grandes difficultés à me déplacer, à respirer et vers la fin de la semaine à parler sans être très essoufflée. C'était très anxiogène, clairement j’avais l’impression que j’allais y rester.



A la fin de la semaine, ma tension était très élevée. Le Docteur T. m'a alors dit :"on ne va pas jouer au Casino plus longtemps, si votre tension ne baisse pas ce soir, je vous fais accoucher"

J'entrais finalement au bloc le lendemain matin, pour une césarienne en urgence.


J’aurais aimé que ma maman vienne au bloc avec moi, elle m’avait accompagnée à tellement d’étapes jusqu’ici mais le chef de bloc malgré ma situation a refusé, - seul les pères sont autorisés- ça a été une claque mentale pour moi.


J'allais affronter ce moment -tant attendu- seule.

Ironie. Après ce moment, je ne serais plus jamais seule.


Le lendemain en fin de matinée, on m'a conduite au bloc pour que je donne naissance à ma fille.

J’étais terrifiée, tout mon corps tremblait mais j’ai soufflé un bon coup et j’ai laissé l’équipe médicale s’occuper de moi.

Assez rapidement, un joli bébé tout rose a été sorti de mon ventre ! Quelle émotion !

On me présenta ma fille qui poussait des petits cris. (Je ne pouvais pas la prendre dans mes bras qui étaient contenus pour l‘intervention)

C’était donc ce petit trésor que j’attendais depuis toujours, elle était enfin là.

Notre premier contact a été un joue à joue. Ce fut le moment le plus intense de ma vie et il m’a semblé durer un éclair de seconde.

Ils l’ont rapidement emmenée faire les premiers soins. J’ai eu une sensation jusqu’alors totalement inconnue : on m'avait séparée d'une partie de moi.


Après un long moment au bloc pour me recoudre, je suis allée en salle de réveil. Malgré la douleur des soins qu'on me prodiguait, je ne pensais qu'à une chose c'était revoir mon petit bébé... Je ne suis pas capable de dire l’éternité qu’il a fallu pour qu’on m’amène auprès de ma fille.

Rose était dans une chambre à un autre étage avec ma mère. Ils l’avaient mise dans une petite couveuse transparente…. Mais allongée face au mur ! Je ne pouvais pas voir son visage ! Grosse frustration !!!

J'ai fait 4 aller retours -à chaque fois des moments très intenses entrecoupés de moments de manque-




L’absence

Ma maman est restée avec nous à la clinique du début à la fin, elle a dormi chaque soir avec nous.


L'absence du "père" de Rose, me déchirait le cœur pour elle, mais on s’adapte à tout dans la vie et la colère à au fil du temps laissée place à l’acceptation. Ma fille décidera au moment venu si elle veut contacter son géniteur.


Un matin, j’ai mis le nez hors de ma chambre et j’ai vu un bouquet de fleurs devant la porte de la chambre d’à côté. Je dis à ma mère : "ça doit être un papa qui a offert des fleurs à sa femme". En disant ces mots, j'ai été traversé par la tristesse de l'absence.

Lorsque ma maman s'est absentée quelques heures, elle a eu la délicate attention de me faire livrer un magnifique bouquet de roses ! (Encore merci maman pour tout ce que tu as fait et que tu fais encore)


Le retour à la réalité

Je suis restée une dizaine de jours à l’hôpital. J'aurais été mieux chez moi mais je crois qu’une partie de moi avait peur. Il me fallait un peu de temps, pour me remettre physiquement car j'étais dans un état d'épuisement total.


A notre sortie de l’hôpital, nous sommes restées chez mes parents durant deux mois et demi.

Entre la césarienne, la fatigue mentale et Rose qui avait un RGO (et ne dormait donc presque jamais) : j’avais clairement besoin d’aide au quotidien,

Le jour où la sage-femme est venue faire le suivi de ma césarienne elle me dit en aparté : "vous savez vous avez le droit de ne pas vous sentir bien".

Mais évidemment que j'étais très mal.

Je traversais le baby blues et j'étais effondrée. Je trouve qu´on n'en parle pas assez aux futures mères. C'est un sujet tabou, on donne la vie, et on est supposée être épanouie mais ce n'est pas forcément la réalité immédiate.



Chez nous

2 mois et demi plus tard, nous sommes rentrées chez nous, notre vie à deux allait commencer...

J'en ai passé des nuits sans dormir, ma fatigue était vertigineuse !

L'endométriose est revenue à grand pas, à ce moment-là... ( je pense qu'elle ne m'a jamais réellement quittée) mais cette fois, plus virulente, plus flamboyante qu'elle ne l'a jamais été. Mon corps était épuisé et c'était encore plus compliqué à gérer car maintenant je devais en plus de gérer ma maladie, m'occuper aussi de mon enfant.


Rose et moi : notre famille

Lorsque Rose a été déclarée à la mairie on m’a remis un livret de famille. Dans ce livret il y a mes parents, Rose et moi.


Ce n’est que du papier car Rose a une bien plus grande famille que ça.

Chacun de nos proches ont une place très importante dans nos vies. (Vous vous reconnaîtrez - merci à vous de votre présence si chaleureuse et aimante ❤️)


Rose a la chance d’avoir mes parents qui remplissent avec tout leur amour le vide laissé par son père. Et j’ai la chance qu’ils m’épaulent au quotidien pour lui offrir un cadre sécurisant.


Je remercie cette famille qui gravite autour de nous et qui remplit nos vies d’amour.

Le terme légalement employé pour les femmes dans ma situation* est « mère isolée »

(*lorsque le père n’a pas reconnu son enfant) Je suis loin d’être isolée, je n'ai jamais été autant entourée d’amour.


Rose est très attachée à sa famille. Il y a 7 ans nous perdions Hélène qui était un pilier pour nous tous. Et c’est avec émotion que nous retrouvons beaucoup de traits d’Hélène en Rose. Un peu comme si Hélène continuait à vivre à travers elle.


Je continue à m’émerveiller chaque jour de ce cadeau du ciel et malgré les difficultés et les peines sur mon chemin, je ne regrette rien et ma vie est tellement plus belle avec Rose.


Je suis aussi très fière de ce que j'ai surmonté. Les personnes qui disent que les enfants de familles monoparentales ont moins de chance de s’en sortir dans la vie se trompent. Un enfant a besoin d’amour avant tout.

Je me suis donné les moyens de mon bonheur, avec ce que j'avais. Certes je ne m’étais pas imaginé mon rêve dans ce contexte mais mon rêve c’est réalisé quand même.



Je remercie mon amoureux d’avoir su m’aider à trouver les mots pour certains passages de cet article si spécial à mes yeux. D’ailleurs, je parlerai de lui dans un prochain article.❤️




Les photos de cet article sont soumises à un copyright, toutes reproductions est interdite sans autorisation.



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